© Mairie de Paris
Toi qui passes,
souviens-toi
LE MONUMENT AUX ESPAGNOLS
Aux Espagnols morts pour la liberté
© Vincent Gerbet
Description du monument
est inauguré le 13 avril 1969, sous le patronage du professeur Charles Richet, résistant de la France Libre, de Daniel Mayer, résistant, alors président des Droits de l’Homme et de Pablo Casals, violoncelliste, chef d’orchestre et compositeur catalan.
Commandé par la Fédération espagnole des déportés et internés politiques, il se veut à la fois un hommage et un appel à la lutte contre le fascisme et son expression espagnole, le franquisme.
La sculpture en bronze de I. et J. Gallo se détache devant une stèle en béton en forme de flamme. Des silhouettes tourmentées sortent d’une cage brisée. Une main qui pend rappelle la mort de beaucoup de déportés, tandis qu’une autre tient fermement un fruit qui peut être interprété comme une grenade. Une troisième main, levée vers le ciel, brandit des épis de blé et des rameaux d’olivier, symbole de vie et de paix, mais également de l’Espagne, pays méditerranéen.
Sur le haut de la stèle un S (pour Spanier- Espagnol) dans un triangle rouge s’inscrit sur une carte d’Espagne aux couleurs de la tenue des déportés.
Sur la face du socle, est écrit
« A la mémoire de tous les Espagnols morts pour la liberté ».
© AFMD 75
Sur le côté droit :
« 10 000 Républicains espagnols morts en déportation, 25 000 tombés aux côtés des troupes alliées, dans les maquis ou fusillés. »
© AFMD 75
Sur l’urne en granit, est gravé :
« Cette urne contient de la terre provenant de tous les champs de bataille, ainsi que des camps de concentration nazis, où des milliers de Républicains espagnols sont morts pour la Liberté. »
Depuis mars 2005, ce monument est propriété de l’Etat espagnol.
Les Républicains espagnols déportés de France
Avec la non-intervention des démocraties, après la victoire en 1939 de l’armée nationaliste du général Franco, aidée par l’aviation de ses alliés allemands et italiens, plus de 450 000 hommes, femmes et enfants fuient la guerre civile espagnole vers la France et passent la frontière dans les Pyrénées-Orientales. Cet exode est connu sous le terme de La retirada.
© CDR
Le gouvernement français de la Troisième République concentre ces réfugiés dans des camps d’internement dans le Sud-Ouest (Argelès, Gurs, Rivesaltes…) parqués derrière des barbelés, gardés par des gendarmes, dans des conditions de vie précaires.
© Mémorial de Rivesaltes
Dès que la France déclare la guerre à l’Allemagne en septembre 1939, près de 9 000 hommes s’engagent dans l’armée française.
Beaucoup seront faits prisonniers lors de la « drôle de guerre » terminée par la défaite française et la signature d’un armistice le 22 juin 1940 entre le Troisième Reich, représenté par le général Wilhelm Keitel, et le dernier gouvernement de la Troisième République, dirigé par le maréchal Philippe Pétain et représenté par le général Charles Huntziger.
Le gouvernement de Vichy, mis en place le 10 juillet 1940, avec les pleins pouvoirs donnés au maréchal Pétain, livrera les hommes républicains à l’occupant allemand.
Les Républicains espagnols seront les premiers déportés de France
le premier convoi de déportation parti de France se dirigera vers le camp de Mauthausen à peine un mois plus tard, le 6 août.
Les Nazis les considèrent comme « Apatrides » car ces Espagnols ont été déchus de leur citoyenneté par les autorités franquistes. Il leur est donc attribué un triangle bleu, marqué de la lettre « S » pour « Spanier » (espagnol). Une humiliation de plus pour ces combattants dès 1936.
7 288 Espagnols ont été déportés à Mauthausen et/ou dans les kommandos dépendant de ce camp comme celui de Gusen.
4 676 y ont trouvé la mort.
A partir de 1943 d’autres Espagnols, s’étant engagés dans la Résistance FTP-MOI (Main-d’œuvre immigrée) ou dans les maquis, sont arrêtés en tant qu’opposants ou résistants.
Ils seront déportés vers les camps de Neuengamme et d’Auschwitz ou pour les femmes vers Ravensbrück.
Il leur sera attribué le triangle rouge des politiques et la lettre « S » (Rot Spanier – Espagnols rouges).
Au total, près de 12 000 Espagnols sont déportés dans les camps nazis.
70% n’ont pas survécu.
2 000 survivants sont rentrés en France, Franco étant au pouvoir dans leur pays natal.
Rappelons que la 9e compagnie de la 2e DB du Maréchal Leclerc, « la Nueve », est la première à entrer dans Paris.
Une fresque a été inaugurée rue Esquirol dans le 13e arrondissement de Paris.
© Mairie de Paris
Un exemple de résistance au camp de Mauthausen
Dès 1941, les Espagnols créent une organisation de résistance communiste clandestine. Peu à peu, elle s’élargit aux autres forces politiques puis aux autres nations pour devenir le Comité international de résistance.
Ce Comité est à l’origine d’une action secrète menée par des hommes travaillant au laboratoire photographique du service d’identification. Parmi eux un Catalan : Francesc Boix. Ils ont subtilisé des centaines de photographies et de négatifs pris par les nazis dans ce camp. Ils ont réussi à les confier à une résistante du village de Mauthausen, Anna Pointner, laquelle les a cachés jusqu’à la Libération.
Un des protagonistes raconte :
« Nous sommes arrivés chez Anna Pointner, que nous appelions grand-mère, tant elle nous avait aidés […] Je lui ai expliqué qu’il fallait sauver les photos. Elle m’a dit qu’elle les cacherait […] j’ai commencé à lui montrer les photos. La dame s’est montrée très émue quand elle a commencé à voir cette suite d’images de gens torturés, pendus, fusillés, électrocutés. Je lui ai dit que, quand le camp serait libéré, un camarade viendrait chercher les photos. C’était Francesc Boix ».
Francesc Boix a lui-même pris des photos lors de la libération du camp.
Ces photos ont été montrées lors des procès de Nuremberg et de Mauthausen.
Francesc Boix y a témoigné et confondu les dignitaires nazis.
Les photographies ont été rapportées et publiées en France.
Francesc Boix est décédé à Paris en 1951. Sa tombe se trouve à proximité de ce monument (division 94).
Francesc Boix
© El Mundo.es
Sources
– Amicale de Mauthausen (France) : https://campmauthausen.org
– Association du 24 août 1944 – La Nueve : https://www.24-aout-1944.org
– BERMEJO Benito, Le photographe de Mauthausen – L’histoire de Francisco Boix et des photos dérobées aux SS, éd. Territoires de la Mémoire, coll. Points d’encrage, Liège, 2016
– CONSTANTIN Mario et RAZOLA Manuel, Triangle bleu : Les Républicains espagnols à Mathausen, éd. Le Félin, 2002
– GUERRERO MORENO Rafael, Rotspanier, les esclaves espagnols du nazisme, film Documentaire, 2023
– MONTSERRAT Roig, Les Catalans dans les camps nazis, Ed. Triangle bleu, 2005
– OLIVARES Véronique et SALOU Pierre, Les républicains espagnols dans le camp de concentration nazi de Mauthausen, préface de Michel REYNAUD, éd Tirésias, 2015
– https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/pas-la-peine-de-crier/triangle-4-5-l-histoire-des-triangles-bleus-1524110
Le monument aux Espagnols
Aux Espagnols morts
pour la liberté
© Vincent Gerbet
Description du monument
est inauguré le 13 avril 1969, sous le patronage du professeur Charles Richet, résistant de la France Libre, de Daniel Mayer, résistant, alors président des Droits de l’Homme et de Pablo Casals, violoncelliste, chef d’orchestre et compositeur catalan.
Commandé par la Fédération espagnole des déportés et internés politiques, il se veut à la fois un hommage et un appel à la lutte contre le fascisme et son expression espagnole, le franquisme.
La sculpture en bronze de I. et J. Gallo se détache devant une stèle en béton en forme de flamme. Des silhouettes tourmentées sortent d’une cage brisée. Une main qui pend rappelle la mort de beaucoup de déportés, tandis qu’une autre tient fermement un fruit qui peut être interprété comme une grenade. Une troisième main, levée vers le ciel, brandit des épis de blé et des rameaux d’olivier, symbole de vie et de paix, mais également de l’Espagne, pays méditerranéen.
Sur le haut de la stèle un S (pour Spanier- Espagnol) dans un triangle rouge s’inscrit sur une carte d’Espagne aux couleurs de la tenue des déportés.
Sur la face du socle, est écrit
« A la mémoire de tous les Espagnols morts pour la liberté ».
© AFMD 75
Sur le côté droit :
« 10 000 Républicains espagnols morts en déportation, 25 000 tombés aux côtés des troupes alliées, dans les maquis ou fusillés. »
© AFMD 75
Sur l’urne en granit, est gravé :
« Cette urne contient de la terre provenant de tous les champs de bataille, ainsi que des camps de concentration nazis, où des milliers de Républicains espagnols sont morts pour la Liberté. »
Depuis mars 2005, ce monument est propriété de l’Etat espagnol.
Les Républicains espagnols déportés de France
Avec la non-intervention des démocraties, après la victoire en 1939 de l’armée nationaliste du général Franco, aidée par l’aviation de ses alliés allemands et italiens, plus de 450 000 hommes, femmes et enfants fuient la guerre civile espagnole vers la France et passent la frontière dans les Pyrénées-Orientales. Cet exode est connu sous le terme de La retirada.
© CDR
Le gouvernement français de la Troisième République concentre ces réfugiés dans des camps d’internement dans le Sud-Ouest (Argelès, Gurs, Rivesaltes…) parqués derrière des barbelés, gardés par des gendarmes, dans des conditions de vie précaires.
© Mémorial de Rivesaltes
Dès que la France déclare la guerre à l’Allemagne en septembre 1939, près de 9 000 hommes s’engagent dans l’armée française.
Beaucoup seront faits prisonniers lors de la « drôle de guerre » terminée par la défaite française et la signature d’un armistice le 22 juin 1940 entre le Troisième Reich, représenté par le général Wilhelm Keitel, et le dernier gouvernement de la Troisième République, dirigé par le maréchal Philippe Pétain et représenté par le général Charles Huntziger.
Le gouvernement de Vichy, mis en place le 10 juillet 1940, avec les pleins pouvoirs donnés au maréchal Pétain, livrera les hommes républicains à l’occupant allemand.
Les Républicains espagnols seront les premiers déportés de France
le premier convoi de déportation parti de France se dirigera vers le camp de Mauthausen à peine un mois plus tard, le 6 août.
Les Nazis les considèrent comme « Apatrides » car ces Espagnols ont été déchus de leur citoyenneté par les autorités franquistes. Il leur est donc attribué un triangle bleu, marqué de la lettre « S » pour « Spanier » (espagnol). Une humiliation de plus pour ces combattants dès 1936.
7 288 Espagnols ont été déportés à Mauthausen et/ou dans les kommandos dépendant de ce camp comme celui de Gusen.
4 676 y ont trouvé la mort.
A partir de 1943 d’autres Espagnols, s’étant engagés dans la Résistance FTP-MOI (Main-d’œuvre immigrée) ou dans les maquis, sont arrêtés en tant qu’opposants ou résistants.
Ils seront déportés vers les camps de Neuengamme et d’Auschwitz ou pour les femmes vers Ravensbrück.
Il leur sera attribué le triangle rouge des politiques et la lettre « S » (Rot Spanier – Espagnols rouges).
Au total, près de 12 000 Espagnols sont déportés dans les camps nazis.
70% n’ont pas survécu.
2 000 survivants sont rentrés en France, Franco étant au pouvoir dans leur pays natal.
Rappelons que la 9e compagnie de la 2e DB du Maréchal Leclerc, « la Nueve », est la première à entrer dans Paris.
Une fresque a été inaugurée rue Esquirol dans le 13e arrondissement de Paris.
© Mairie de Paris
Un exemple de résistance au camp de Mauthausen
Dès 1941, les Espagnols créent une organisation de résistance communiste clandestine. Peu à peu, elle s’élargit aux autres forces politiques puis aux autres nations pour devenir le Comité international de résistance.
Ce Comité est à l’origine d’une action secrète menée par des hommes travaillant au laboratoire photographique du service d’identification. Parmi eux un Catalan : Francesc Boix. Ils ont subtilisé des centaines de photographies et de négatifs pris par les nazis dans ce camp. Ils ont réussi à les confier à une résistante du village de Mauthausen, Anna Pointner, laquelle les a cachés jusqu’à la Libération.
Un des protagonistes raconte :
« Nous sommes arrivés chez Anna Pointner, que nous appelions grand-mère, tant elle nous avait aidés […] Je lui ai expliqué qu’il fallait sauver les photos. Elle m’a dit qu’elle les cacherait […] j’ai commencé à lui montrer les photos. La dame s’est montrée très émue quand elle a commencé à voir cette suite d’images de gens torturés, pendus, fusillés, électrocutés. Je lui ai dit que, quand le camp serait libéré, un camarade viendrait chercher les photos. C’était Francesc Boix ».
Francesc Boix a lui-même pris des photos lors de la libération du camp.
Ces photos ont été montrées lors des procès de Nuremberg et de Mauthausen.
Francesc Boix y a témoigné et confondu les dignitaires nazis.
Les photographies ont été rapportées et publiées en France.
Francesc Boix est décédé à Paris en 1951. Sa tombe se trouve à proximité de ce monument (division 94).
Francesc Boix
© El Mundo.es
Sources
– Amicale de Mauthausen (France) : https://campmauthausen.org
– Association du 24 août 1944 – La Nueve : https://www.24-aout-1944.org
– BERMEJO Benito, Le photographe de Mauthausen – L’histoire de Francisco Boix et des photos dérobées aux SS, éd. Territoires de la Mémoire, coll. Points d’encrage, Liège, 2016
– CONSTANTIN Mario et RAZOLA Manuel, Triangle bleu : Les Républicains espagnols à Mathausen, éd. Le Félin, 2002
– GUERRERO MORENO Rafael, Rotspanier, les esclaves espagnols du nazisme, film Documentaire, 2023
– MONTSERRAT Roig, Les Catalans dans les camps nazis, Ed. Triangle bleu, 2005
– OLIVARES Véronique et SALOU Pierre, Les républicains espagnols dans le camp de concentration nazi de Mauthausen, préface de Michel REYNAUD, éd Tirésias, 2015
– https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/pas-la-peine-de-crier/triangle-4-5-l-histoire-des-triangles-bleus-1524110
Délégation de Paris des Amis de la Fondation
pour la Mémoire de la Déportation
31 Boulevard Saint-Germain 75005 Paris
Contact : afmd.dt75@gmail.com
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