© Mairie de Paris
Toi qui passes,
souviens-toi
NATZWEILER-STRUTHOF
Ouvert le 1er mai 1941
© Vincent Gerbet
Description du monument
Le monument a été inauguré le 20 novembre 2004. Sa forme en granit rose d’Alsace, extrait de la carrière du camp du Struthof, rappelle celle du triangle porté par les déportés sur leurs vêtements. Le monument est dédié aux déportés politiques (triangles rouges avec le F pour français) et plus particulièrement aux déportés NN (« Nacht und Nebel », « Nuit et Brouillard »), nombreux dans ce camp.
La sculpture en bronze doré est une réplique de celle de Georges Halbout (« Le Gisant ») visible à l’entrée du camp. Elle représente un déporté squelettique, décharné à la limite de ses forces ; les pierres de différents niveaux de chaque côté du Gisant représentent les nombreux escaliers aux marches irrégulières du camp construit sur une colline avec de nombreuses déclivités.
Autour du monument, une petite haie souligne la forme du triangle.
© AFMD 75
Au pied de la sculpture, sur une plaque au sol, au-dessus du triangle rouge, est écrit : « Réplique du gisant, œuvre du sculpteur G. Halbout du Tannay, située à proximité du camp de concentration nazi de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin) et du Mémorial national de la Déportation. » Sur le mur, de part et d’autre du symbole NN entouré des 12 étoiles du drapeau de l’Union européenne : « KL Natzweiler-Struthof et ses 70 Kommandos 1941-1945 Nacht und Nebel / Nuit et brouillard »
Le camp de Natzweiler-Struthof
En juin 1940, l’Alsace et la Moselle sont annexées au mépris du droit international et en violation de la convention d’armistice du 22 juin 1940 signée par la France et l’Allemagne.
Un programme de germanisation et de nazification est mis en place (l’allemand devient la langue officielle, le français est interdit, les jeunes Alsaciens et Mosellans sont incorporés dans la Wehrmacht).
En septembre 1940, à proximité du village de Natzviller, germanisé en Natzweiler, à 50 km de Strasbourg, à 800 m d’altitude au cœur de la forêt vosgienne, les nazis découvrent un filon de granit rose. Albert Speer, architecte du Reich, remarque la qualité rare de ce granit.
En mars1941, Himmler, chef de la SS, ordonne la construction d’un camp de concentration pour l’exploitation de la carrière au profit de la DESt pour les grands travaux du Reich.
Le 1er mai 1941, le camp de Natzweiler est officiellement ouvert au lieu-dit « Le Struthof », où existaient un hôtel, une ferme et une villa promptement réquisitionnés.
Situation du camp
Les 21 et 23 mai 1941, arrivent sur le site 300 premiers déportés en provenance du camp de Sachsenhausen pour construire le camp et les routes entre le camp et la gare de Rothau.
L’exploitation de la carrière débute en mars 1942. Elle emploie jusqu’à 1400 détenus.
En février 1943, le camp est doté d’un four crématoire, installé près de l’hôtel. En octobre il est déplacé à l’intérieur du camp. Ce dernier aménagement ainsi que la construction d’une chambre à gaz marquent la fin de la construction du camp.
Entrée du camp
© AFMD 75
Les détenus
Les premiers déportés sont des « droits communs » allemands, des asociaux, puis des déportés politiques, des Tziganes.
A partir de 1942, arrivent des prisonniers de guerre soviétiques, des Polonais, des Tchèques, des Alsaciens et des Mosellans.
En 1943 arrivent les premiers déportés résistants NN du Luxembourg, de Belgique, des Pays-Bas, de Norvège, de France.
En 1944, des juifs hongrois et polonais entrent dans le camp.
1500 prêtres, en majorité polonais ou allemands furent immatriculés dans le camp.
Au total 52 000 personnes venues de toute l’Europe ont été détenues à Natzweiler-Struthof et dans les 70 kommandos répartis sur les deux rives du Rhin. Parmi eux près de 20 000 sont décédés dans ce camp de catégorie II et dans les kommandos.
© CERD-Struthof
Le travail et les kommandos
Au commencement, les déportés travaillent à la carrière mais à partir de 1943, les impératifs de guerre prennent le pas sur l’extraction du granit et des halles de démontage de moteurs d’avions abattus sont installées au profit de l’avionneur Junker.
Fin 1942, le camp de Natzweiler commence à développer un réseau d’une cinquantaine de camps annexes sur les deux rives du Rhin en Alsace, Moselle et en Allemagne. Si certains fonctionnent au service de la SS, le plus grand nombre est destiné à l’effort de guerre nazi. Toute l’industrie allemande y participe : Daimler-Benz, Messerchmitt, Heinkel, I G Farben, AEG, Bosch…
Les kommandos de travail sont affectés à la construction des bâtiments, de routes, de tunnels pour y installer des machines.
– Les kommandos de Kochendorf et Neckargartach ont déblayé la ville de Heilbronn et ont enterré plus de 6 000 victimes.
– À Vaihingen : le 9 août 1944 arrivent 2 189 juifs polonais pour construire une usine enterrée pour Messerschmitt. Le chantier est abandonné. En novembre, ce camp devient le camp-hôpital des kommandos de Natzweiler. C’est un mouroir.
– Le kommando d’Urbès, enterré dans un tunnel, sert de main d’œuvre pour l’une usine de moteurs d’avion Daimler-Benz.
– Le kommando Markirch, tunnel à Sainte-Marie-aux-Mines reçoit 1 400 déportés en majorité yougoslaves contraints de participer à la construction d’une usine pour les engins de guerre, annexe de BMW.
– Le camp de Schirmeck, situé dans le Bas-Rhin
Le camp de Vorbrück Schirmeck est un camp de rééducation destiné aux réfractaires alsaciens et mosellans refusant les conditions imposées par la germanisation et la nazification des trois départements annexés. Avec l’intensification de la guerre totale, ce camp est devenu un camp de sûreté.
Les femmes travaillent à l’intérieur du camp. Les hommes sont affectés à des kommandos extérieurs : usine de Wackenbach, carrière d’Hersbach ou terrain d’aviation d’Enzheim, école féminine de transmission SS à Obernai, le service des chevaux des SS à Peltre, école masculine de transmission et terrain d’aviation à Metz, camp d’instruction pour SS non-allemands à Cernay.
Les expériences sur les détenus
En 1940, l’université française de médecine de Strasbourg s’est à 60 % retirée à Clermont- Ferrand. Elle est remplacée par la très hitlérienne Reichsuniversität Strassburg où travaillent des scientifiques qui utilisent des cobayes humains pour mener des expériences (telles que la recherche d’antidotes à des gaz de combat – ypérite et phosgène, expériences sur les sulfamides – ou l’inoculation du typhus sur des Tsiganes).
En 1943, deux anthropologues SS sont envoyés à Auschwitz pour sélectionner 86 futures victimes (29 femmes et 57 hommes) en tant que « spécimens représentatifs de la race juive » (la race devant disparaître, il fallait en garder une trace scientifique destinée à être préservée dans un musée).
En1944, les libérateurs français découvrent dans des cuves des corps découpés conservés dans du formol. Ces restes humains sont enterrés. Il faudra attendre 2004 pour que leurs noms soient inscrits sur une stèle du cimetière juif de Strasbourg et 2015 pour que les derniers vestiges de l’époque soient inhumés.
Le professeur nazi Hirt, responsable de ces « travaux », s’est suicidé mais d’autres, jugés en 1945, condamnés aux travaux forcés à perpétuité, rejugés en 1954, libérés en 1955 ont poursuivi leurs carrières.
En septembre 1944, le Revier ouvert à l’automne 1942, occupe 6 blocks (2 pour la chirurgie, 2 pour la médecine, 1 pour les tuberculeux, 1 pour les typhiques). Il abrite plus de 1 200 détenus soit ¼ de la population du camp.
Les éxecutions
La Gestapo fait exécuter à la « Sablière » ou au crématoire plus de 250 personnes.
Dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, 106 (ou 107) membres du réseau Alliance, « l’Arche de Noé » (réseau de renseignement de la Résistance intérieure rattaché à l’Intelligence Service), arrêtés par l’Abwehr, sont massacrés. Leur chef de réseau Madeleine Fourcade (pseudonyme « Hérisson ») a échappé à l’arrestation. En même temps 35 (ou 34) maquisards du groupe Alsace-Vosges sont exécutés.
Des militaires français, membres de l’Armée Secrète (AS) ou membres de l’Organisation de la Résistance de l’Armée (ORA) sont déportés au Struthof.
Le général Delestraint, chef de l’Armée Secrète, déporté NN au Struthof, a été transféré en septembre 1944 à Dachau où il a été abattu d’une balle dans la nuque.
Le général Frère, celui-là même qui en août 1940 présidait le tribunal de Clermont-Ferrand, qui a condamné de Gaulle à mort par contumace mais qui en décembre 1942 a pris la direction de l’ORA, est mort au Struthof.
En juillet 1944, 4 femmes, membres du SOE britannique, sont assassinées par injection de phénol.
Evacuation – Libération
A partir de septembre 1944, en raison de l’avancée des Alliés, le camp principal et ses camps annexes de la rive gauche du Rhin sont évacués, principalement sur Dachau en Bavière.
Le 1er septembre 1944, une centaine de déportés quittent, à pied, le camp et prennent le train à Schirmeck. Le convoi se dirige vers le kommando Schomberg.
11 000 déportés sont transférés de l’autre côté du Rhin.
Bien que vidé de tous ses déportés, le camp de Natzweiler continue d’exister grâce à ses camps annexes situés sur la rive droite du Rhin.
Le 25 novembre 1944, le camp principal est découvert par les Américains.
Vidé de ses occupants, c’est le 1er camp découvert à l’Ouest de l’Europe. Sa fin définitive survient lors de l’évacuation des camps annexes situés en Allemagne en mars/avril 1945.
En janvier 1945, le camp devient un pénitencier : des Allemands et des collaborateurs y sont incarcérés jusqu’en 1948.
Natzweiler aujourd’hui
Le site est classé monument historique
Le Mémorial national de la Déportation érigé en 1960 est inauguré par le Général de Gaulle. Ce monument en forme de flamme, haut de 40 m, renferme le corps d’un déporté inconnu et des urnes contenant de la terre et des cendres de divers camps de concentration. Un musée a été installé, partiellement ravagé par un incendie criminel en 1976.
Le Centre européen du Résistant déporté a été créé. Conçu comme un lieu de mémoire, de culture, d’information, de réflexion et de rencontre, il est adapté à tous les publics en particulier aux scolaires. Il est sur le site de l’ancien camp de concentration et comporte 2 000 m2 de surface d’exposition. En fait, c’est le musée du camp. Ce centre a été inauguré par le Président Chirac le 3 novembre 2005.
© AD-Mutzig
Sources
– Amicale nationale des déportés et familles de disparus de Natzweiler-Struthof et de ses kommandos
– Amicale nationale des déportés et familles de disparus de Natzweiler-Struthof et de ses kommandos : « Natzweiler-Struthof, l’Histoire et ses témoins », Éditions Tirésias Michel Reynaud
– Amis et Passionnés du Père Lachaise (APPL)
– Association Mine de Rien : La voix du rêve, film-DVD, Amiens, 2020
– Bulletin de l’AFMD « Mémoire et Vigilance » : n° 35 – 77 – 91 – 96 – 98
– Bulletin de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) « Mémoire vivante » : n°44 et n°59 de déc. 2008 : La Déportation NN dite « Nuit et Brouillard
– Camp annexe du Fort de Queuleu (Metz)
– Centre européen du Résistant déporté
– D’ANDLEU Guillaume, Le KL Natzweiler-Struthof. Un camp de concentration en Alsace annexée , I.D. l’Édition, 2023
– KERSHAW Ian, La Fin. Allemagne 1944-1945, Paris, Le Seuil, 2012.
– Journal « Le Monde », article : « Struthof : L’Université de Strasbourg confrontée à son passé », du 5 mai 2022
– PAHOR Boris, LUCK-GAYE Andrée, Pèlerin parmi les ombres, éd. La Table ronde, 1996.
– Revue « En Jeu » de la FMD : Histoire et Mémoires vivantes : Nouvelles recherches sur les déportations et les camps (décembre 2017 n°10) Chez Septentrion Presses Universitaires
– STEEGMANN Robert, Struthof. Le KL-Natzweiler et ses kommandos : une nébuleuse concentrationnaire des deux côtés du Rhin, 1941-1945, éd. La Nuée bleue, 2005.
– Tunnel d’Urbès (Haut-Rhin)
– Verbunds der Gedenkstätten im ehemaligen KZ-Komplex Natzweiler e.V. (VGKN) En Allemagne, le VGKN est l’association regroupant les lieux avec monuments commémoratifs et mémoriaux érigés sur les différents sites annexes relevant de l’ancien complexe concentrationnaire de Natzweiler.
Natzweiler-Struthof
Ouvert le 1er mai 1941
© Vincent Gerbet
Description du monument
Le monument a été inauguré le 20 novembre 2004. Sa forme en granit rose d’Alsace, extrait de la carrière du camp du Struthof, rappelle celle du triangle porté par les déportés sur leurs vêtements. Le monument est dédié aux déportés politiques (triangles rouges avec le F pour français) et plus particulièrement aux déportés NN (« Nacht und Nebel », « Nuit et Brouillard »), nombreux dans ce camp.
La sculpture en bronze doré est une réplique de celle de Georges Halbout (« Le Gisant ») visible à l’entrée du camp. Elle représente un déporté squelettique, décharné à la limite de ses forces ; les pierres de différents niveaux de chaque côté du Gisant représentent les nombreux escaliers aux marches irrégulières du camp construit sur une colline avec de nombreuses déclivités.
Autour du monument, une petite haie souligne la forme du triangle.
© AFMD 75
Au pied de la sculpture, sur une plaque au sol, au-dessus du triangle rouge, est écrit : « Réplique du gisant, œuvre du sculpteur G. Halbout du Tannay, située à proximité du camp de concentration nazi de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin) et du Mémorial national de la Déportation. » Sur le mur, de part et d’autre du symbole NN entouré des 12 étoiles du drapeau de l’Union européenne : « KL Natzweiler-Struthof et ses 70 Kommandos 1941-1945 Nacht und Nebel / Nuit et brouillard »
Le camp de Natzweiler-Struthof
En juin 1940, l’Alsace et la Moselle sont annexées au mépris du droit international et en violation de la convention d’armistice du 22 juin 1940 signée par la France et l’Allemagne.
Un programme de germanisation et de nazification est mis en place (l’allemand devient la langue officielle, le français est interdit, les jeunes Alsaciens et Mosellans sont incorporés dans la Wehrmacht).
En septembre 1940, à proximité du village de Natzviller, germanisé en Natzweiler, à 50 km de Strasbourg, à 800 m d’altitude au cœur de la forêt vosgienne, les nazis découvrent un filon de granit rose. Albert Speer, architecte du Reich, remarque la qualité rare de ce granit.
En mars1941, Himmler, chef de la SS, ordonne la construction d’un camp de concentration pour l’exploitation de la carrière au profit de la DESt pour les grands travaux du Reich.
Le 1er mai 1941, le camp de Natzweiler est officiellement ouvert au lieu-dit « Le Struthof », où existaient un hôtel, une ferme et une villa promptement réquisitionnés.
Situation du camp
Les 21 et 23 mai 1941, arrivent sur le site 300 premiers déportés en provenance du camp de Sachsenhausen pour construire le camp et les routes entre le camp et la gare de Rothau.
L’exploitation de la carrière débute en mars 1942. Elle emploie jusqu’à 1400 détenus.
En février 1943, le camp est doté d’un four crématoire, installé près de l’hôtel. En octobre il est déplacé à l’intérieur du camp. Ce dernier aménagement ainsi que la construction d’une chambre à gaz marquent la fin de la construction du camp.
Entrée du camp
© AFMD 75
Les détenus
Les premiers déportés sont des « droits communs » allemands, des asociaux, puis des déportés politiques, des Tziganes.
A partir de 1942, arrivent des prisonniers de guerre soviétiques, des Polonais, des Tchèques, des Alsaciens et des Mosellans.
En 1943 arrivent les premiers déportés résistants NN du Luxembourg, de Belgique, des Pays-Bas, de Norvège, de France.
En 1944, des juifs hongrois et polonais entrent dans le camp.
1500 prêtres, en majorité polonais ou allemands furent immatriculés dans le camp.
Au total 52 000 personnes venues de toute l’Europe ont été détenues à Natzweiler-Struthof et dans les 70 kommandos répartis sur les deux rives du Rhin. Parmi eux près de 20 000 sont décédés dans ce camp de catégorie II et dans les kommandos.
© CERD-Struthof
Le travail et les kommandos
Au commencement, les déportés travaillent à la carrière mais à partir de 1943, les impératifs de guerre prennent le pas sur l’extraction du granit et des halles de démontage de moteurs d’avions abattus sont installées au profit de l’avionneur Junker.
Fin 1942, le camp de Natzweiler commence à développer un réseau d’une cinquantaine de camps annexes sur les deux rives du Rhin en Alsace, Moselle et en Allemagne. Si certains fonctionnent au service de la SS, le plus grand nombre est destiné à l’effort de guerre nazi. Toute l’industrie allemande y participe : Daimler-Benz, Messerchmitt, Heinkel, I G Farben, AEG, Bosch…
Les kommandos de travail sont affectés à la construction des bâtiments, de routes, de tunnels pour y installer des machines.
– Les kommandos de Kochendorf et Neckargartach ont déblayé la ville de Heilbronn et ont enterré plus de 6 000 victimes.
– À Vaihingen : le 9 août 1944 arrivent 2 189 juifs polonais pour construire une usine enterrée pour Messerschmitt. Le chantier est abandonné. En novembre, ce camp devient le camp-hôpital des kommandos de Natzweiler. C’est un mouroir.
– Le kommando d’Urbès, enterré dans un tunnel, sert de main d’œuvre pour l’une usine de moteurs d’avion Daimler-Benz.
– Le kommando Markirch, tunnel à Sainte-Marie-aux-Mines reçoit 1 400 déportés en majorité yougoslaves contraints de participer à la construction d’une usine pour les engins de guerre, annexe de BMW.
– Le camp de Schirmeck, situé dans le Bas-Rhin
Le camp de Vorbrück Schirmeck est un camp de rééducation destiné aux réfractaires alsaciens et mosellans refusant les conditions imposées par la germanisation et la nazification des trois départements annexés. Avec l’intensification de la guerre totale, ce camp est devenu un camp de sûreté.
Les femmes travaillent à l’intérieur du camp. Les hommes sont affectés à des kommandos extérieurs : usine de Wackenbach, carrière d’Hersbach ou terrain d’aviation d’Enzheim, école féminine de transmission SS à Obernai, le service des chevaux des SS à Peltre, école masculine de transmission et terrain d’aviation à Metz, camp d’instruction pour SS non-allemands à Cernay.
Les expériences sur les détenus
En 1940, l’université française de médecine de Strasbourg s’est à 60 % retirée à Clermont- Ferrand. Elle est remplacée par la très hitlérienne Reichsuniversität Strassburg où travaillent des scientifiques qui utilisent des cobayes humains pour mener des expériences (telles que la recherche d’antidotes à des gaz de combat – ypérite et phosgène, expériences sur les sulfamides – ou l’inoculation du typhus sur des Tsiganes).
En 1943, deux anthropologues SS sont envoyés à Auschwitz pour sélectionner 86 futures victimes (29 femmes et 57 hommes) en tant que « spécimens représentatifs de la race juive » (la race devant disparaître, il fallait en garder une trace scientifique destinée à être préservée dans un musée).
En 1944, les libérateurs français découvrent dans des cuves des corps découpés conservés dans du formol. Ces restes humains sont enterrés. Il faudra attendre 2004 pour que leurs noms soient inscrits sur une stèle du cimetière juif de Strasbourg et 2015 pour que les derniers vestiges de l’époque soient inhumés.
Le professeur nazi Hirt, responsable de ces « travaux », s’est suicidé mais d’autres, jugés en 1945, condamnés aux travaux forcés à perpétuité, rejugés en 1954, libérés en 1955 ont poursuivi leurs carrières.
En septembre 1944, le Revier ouvert à l’automne 1942, occupe 6 blocks (2 pour la chirurgie, 2 pour la médecine, 1 pour les tuberculeux, 1 pour les typhiques). Il abrite plus de 1 200 détenus soit ¼ de la population du camp.
Les éxecutions
La Gestapo fait exécuter à la « Sablière » ou au crématoire plus de 250 personnes.
Dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, 106 (ou 107) membres du réseau Alliance, « l’Arche de Noé » (réseau de renseignement de la Résistance intérieure rattaché à l’Intelligence Service), arrêtés par l’Abwehr, sont massacrés. Leur chef de réseau Madeleine Fourcade (pseudonyme « Hérisson ») a échappé à l’arrestation. En même temps 35 (ou 34) maquisards du groupe Alsace-Vosges sont exécutés.
Des militaires français, membres de l’Armée Secrète (AS) ou membres de l’Organisation de la Résistance de l’Armée (ORA) sont déportés au Struthof.
Le général Delestraint, chef de l’Armée Secrète, déporté NN au Struthof, a été transféré en septembre 1944 à Dachau où il a été abattu d’une balle dans la nuque.
Le général Frère, celui-là même qui en août 1940 présidait le tribunal de Clermont-Ferrand, qui a condamné de Gaulle à mort par contumace mais qui en décembre 1942 a pris la direction de l’ORA, est mort au Struthof.
En juillet 1944, 4 femmes, membres du SOE britannique, sont assassinées par injection de phénol.
Evacuation – Libération
A partir de septembre 1944, en raison de l’avancée des Alliés, le camp principal et ses camps annexes de la rive gauche du Rhin sont évacués, principalement sur Dachau en Bavière.
Le 1er septembre 1944, une centaine de déportés quittent, à pied, le camp et prennent le train à Schirmeck. Le convoi se dirige vers le kommando Schomberg.
11 000 déportés sont transférés de l’autre côté du Rhin.
Bien que vidé de tous ses déportés, le camp de Natzweiler continue d’exister grâce à ses camps annexes situés sur la rive droite du Rhin.
Le 25 novembre 1944, le camp principal est découvert par les Américains.
Vidé de ses occupants, c’est le 1er camp découvert à l’Ouest de l’Europe. Sa fin définitive survient lors de l’évacuation des camps annexes situés en Allemagne en mars/avril 1945.
En janvier 1945, le camp devient un pénitencier : des Allemands et des collaborateurs y sont incarcérés jusqu’en 1948.
Natzweiler aujourd’hui
Le site est classé monument historique
Le Mémorial national de la Déportation érigé en 1960 est inauguré par le Général de Gaulle. Ce monument en forme de flamme, haut de 40 m, renferme le corps d’un déporté inconnu et des urnes contenant de la terre et des cendres de divers camps de concentration. Un musée a été installé, partiellement ravagé par un incendie criminel en 1976.
Le Centre européen du Résistant déporté a été créé. Conçu comme un lieu de mémoire, de culture, d’information, de réflexion et de rencontre, il est adapté à tous les publics en particulier aux scolaires. Il est sur le site de l’ancien camp de concentration et comporte 2 000 m2 de surface d’exposition. En fait, c’est le musée du camp. Ce centre a été inauguré par le Président Chirac le 3 novembre 2005.
© AD-Mutzig
Sources
– Amicale nationale des déportés et familles de disparus de Natzweiler-Struthof et de ses kommandos
– Amicale nationale des déportés et familles de disparus de Natzweiler-Struthof et de ses kommandos : « Natzweiler-Struthof, l’Histoire et ses témoins », Éditions Tirésias Michel Reynaud
– Amis et Passionnés du Père Lachaise (APPL)
– Association Mine de Rien : La voix du rêve, film-DVD, Amiens, 2020
– Bulletin de l’AFMD « Mémoire et Vigilance » : n° 35 – 77 – 91 – 96 – 98
– Bulletin de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) « Mémoire vivante » : n°44 et n°59 de déc. 2008 : La Déportation NN dite « Nuit et Brouillard
– Camp annexe du Fort de Queuleu (Metz)
– Centre européen du Résistant déporté
– D’ANDLEU Guillaume, Le KL Natzweiler-Struthof. Un camp de concentration en Alsace annexée , I.D. l’Édition, 2023
– KERSHAW Ian, La Fin. Allemagne 1944-1945, Paris, Le Seuil, 2012.
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– PAHOR Boris, LUCK-GAYE Andrée, Pèlerin parmi les ombres, éd. La Table ronde, 1996.
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– Verbunds der Gedenkstätten im ehemaligen KZ-Komplex Natzweiler e.V. (VGKN) En Allemagne, le VGKN est l’association regroupant les lieux avec monuments commémoratifs et mémoriaux érigés sur les différents sites annexes relevant de l’ancien complexe concentrationnaire de Natzweiler.
Délégation de Paris des Amis de la Fondation
pour la Mémoire de la Déportation
31 Boulevard Saint-Germain 75005 Paris
Contact : afmd.dt75@gmail.com
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