La mémoire de la Déportation
durant la Seconde Guerre mondiale
au cimetière du Père Lachaise

© Mairie de Paris

Toi qui passes,
souviens-toi

LE CONVOI 73

DU 15 MAI 1944

© Vincent Gerbet

Description du monument

Inauguré le 26 novembre 2006, ce monument, volontairement sobre, est situé au sommet de la « colline des déportés ». Il est composé d’une stèle en pierre et d’une dalle de granit, entourées d’un parterre de buis. Une plaque reproduit une inscription, retrouvée après la chute du mur de Berlin, gravée sur un mur de cellule du fort IX de Kaunas (anciennement Kovno) en Lituanie où les deux tiers des déportés du convoi 73 furent emprisonnés. De petites pierres sont déposées sur le monument par les visiteurs. La pierre symbolise la pérennité de la mémoire dans la religion juive.

Le texte sur la stèle a été rédigé par les familles et amis des déportés de ce convoi :

 « Nous sommes 900 Français » 

Inscription gravée au fort IX de Kaunas par les déportés du convoi 73.

À la mémoire des 878 hommes juifs,
déportés de Drancy,
le 15 mai 1944 à Kaunas (Lituanie)
et Reval-Tallinn (Estonie).
22 sont revenus en 1945

Le Convoi 73

Parmi les 79 convois déportant des Juifs de France depuis Drancy, entre le 27 mars 1942 et le 17 août 1944, seuls quatre convois ont été dirigés vers Maidanek ou Sobibor, un autre, le tout dernier, vers Buchenwald, et un autre, ce convoi n°73, qui fut dirigé le 15 mai 1944 vers les Pays Baltes. Les raisons de cette dernière destination ne sont pas élucidées à ce jour.

En avril 1944, au camp de Drancy, tous les hommes valides reçoivent l’ordre de se rassembler dans la cour. Le commandant du camp, Aloïs Brunner, passe les hommes en revue. Un départ de travailleurs va avoir lieu au titre de l’Organisation Todt (groupe de génie civil et militaire du Troisième Reich, portant le nom de son fondateur Fritz Todt). Les futurs travailleurs n’ont pas assez d’activité et risquent d’être trop faibles au moment du départ : il est donc décidé de leur faire faire une heure de culture physique par jour et d’augmenter leurs rations alimentaires.

Un évènement vient donner aux sélectionnés « Todt » un avant-goût de ce qui les attend : la ville de Noisy-le-Sec subit un terrible bombardement, elle est détruite et les voies ferrées sont hors d’usage. Les Allemands ont besoin de cette ligne de chemin de fer, il faut déblayer et désamorcer les bombes. Pour effectuer ce travail, 150 d’entre eux sont conduits par autobus vers Noisy. Le bilan de cette première sortie : 5 morts, 15 blessés et 5 évasions.

Le convoi 73, composé de 878 hommes dont 39 adolescents de 12 à 17 ans part le 15 mai 1944 de la gare de Bobigny.    

© Martin Gilbert

Tous sont persuadés de partir travailler pour la « Todt ». Certains sont assez satisfaits car on ne les envoyait pas à « Pitchipoï » ! (expression utilisée, avec un certain humour, par les détenus juifs signifiant une destination inconnue, très loin, vers un village de misère à l’Est).

Les témoignages des très rares rescapés montrent que beaucoup pensaient qu’être volontaire pour ce convoi leur assurerait un meilleur avenir que ceux qui partait à l’Est, d’autant qu’ils croyaient rester en France.

Le convoi est envoyé en Lituanie et en Estonie, pays envahis dès juin 1941 par l’armée allemande. Pendant cette occupation, dans ces pays, plus de 200 sites ont servi d’assassinats de masse par fusillades tels ceux de la forêt de Ponar et des Forts VII et IX de Kaunas.

Le convoi 73, composé de 15 wagons, emporte 878 hommes juifs. Plus de 500 hommes descendent du train à Kovno (désormais Kaunas) en Lituanie.

Les autres sont dirigés vers Reval (devenu Tallinn) en Estonie où ils sont incarcérés à la prison Patarei pour construire un aéroport.

En septembre 1944, les 34 survivants seront évacués vers le camp de concentration du Stuthoff, près de Dantzig en Pologne, dernier camp libéré le 9 mai 1945.

Prison de Patarai

À Kaunas, les déportés de ce convoi sont regroupés dans le Fort IX où la plus grande partie des communautés juives de la région a déjà été assassinée.

Plusieurs de ces hommes ont laissé des graffiti sur les murs de leur cellule, notamment l’inscription Nous sommes 900 Français. Leur découverte a permis d’apprendre aux familles la destination de ce convoi, seulement après l’indépendance du pays en 1990 …

© AFMD 75

© E.-C. Blum-Cherchevsky

Parmi eux, 350 à 400 ont été transférés dans le sous-camp de Praviéniskès, en pleine forêt, à une dizaine de kilomètres du Fort et astreints à travailler dans les scieries ou à l’extraction de la tourbe des marécages. La plupart d’entre eux furent fusillés dans cette forêt.

De ce convoi, 24 rentreront en France : 22 de Tallinn et 2 de Kaunas.

Ni les archives de guerre, ni les criminels nazis jugés n’ont révélé la raison de la destination de ce convoi 73 vers les Pays Baltes et non Auschwitz.

Les recherches des familles françaises, regroupées en association depuis 1995, ont permis de retrouver des informations sur près de 300 déportés. Mais personne ne sait quels ont été les sorts d’André et Jean Jacob, père et frère de Simone Veil, ni de Miron Zlatin, le directeur de la Maison des enfants d’Izieu et des deux adolescents, Theodor Reis et Arnold Hirsch, arrêtés par Barbie en même temps que lui.

© AFMD 75 / Fort IX Kaunas

Monument au Fort IX – Kaunas © AFMD 75

En 2019, le Premier Ministre français, Edouard Philippe, a participé à une cérémonie d’hommage aux déportés du convoi 73 devant une stèle érigée en 2010, en face de la prison Patarei, en présence du dernier déporté survivant du convoi 73 : Henri Zajdenwergier, né à Nancy en 1927 (mais décédés en 2024).

Sources

– Blum-Cherchevsky Ève-Line, Nous sommes 900 Français in http://www.convoi73.org Bulletin de l’AFMD, Mémoire et Vigilance, n°102, oct./déc. 2023
– Bulletin de la FNDIRP, Le Patriote Résistant, n°922, sept. 2017
– Les Amis et passionnés du Père Lachaise : https://www.appl-lachaise.net/monument-aux-deportes-de-kaunas-et-reval-tallinn/ http://www.convoi73.org/francais/SteleLachaise/La%20stele.htm
– https://mnemosyne.ee/wp-content/uploads/2020/06/Orjekh.-Intervention-Convoi-73
– https://regard-est.com/estonie-la-prison-de-patarei-enjeu-memoriel-insoluble-2
– https://www.yadvashem.org/fr/shoah/a-propos/debut-solution-finale/le-massacre-des-juifs-des-pays-baltes.html

Le convoi 73

Du 15 mai 1944

© Vincent Gerbet

Description du monument

Inauguré le 26 novembre 2006, ce monument, volontairement sobre, est situé au sommet de la « colline des déportés ». Il est composé d’une stèle en pierre et d’une dalle de granit, entourées d’un parterre de buis. Une plaque reproduit une inscription, retrouvée après la chute du mur de Berlin, gravée sur un mur de cellule du fort IX de Kaunas (anciennement Kovno) en Lituanie où les deux tiers des déportés du convoi 73 furent emprisonnés. De petites pierres sont déposées sur le monument par les visiteurs. La pierre symbolise la pérennité de la mémoire dans la religion juive.

Le texte sur la stèle a été rédigé par les familles et amis des déportés de ce convoi :

 « Nous sommes 900 Français » 

Inscription gravée au fort IX de Kaunas par les déportés du convoi 73.

À la mémoire des 878 hommes juifs,
déportés de Drancy,
le 15 mai 1944 à Kaunas (Lituanie)
et Reval-Tallinn (Estonie).
22 sont revenus en 1945

Le Convoi 73

Parmi les 79 convois déportant des Juifs de France depuis Drancy, entre le 27 mars 1942 et le 17 août 1944, seuls quatre convois ont été dirigés vers Maidanek ou Sobibor, un autre, le tout dernier, vers Buchenwald, et un autre, ce convoi n°73, qui fut dirigé le 15 mai 1944 vers les Pays Baltes. Les raisons de cette dernière destination ne sont pas élucidées à ce jour.

En avril 1944, au camp de Drancy, tous les hommes valides reçoivent l’ordre de se rassembler dans la cour. Le commandant du camp, Aloïs Brunner, passe les hommes en revue. Un départ de travailleurs va avoir lieu au titre de l’Organisation Todt (groupe de génie civil et militaire du Troisième Reich, portant le nom de son fondateur Fritz Todt). Les futurs travailleurs n’ont pas assez d’activité et risquent d’être trop faibles au moment du départ : il est donc décidé de leur faire faire une heure de culture physique par jour et d’augmenter leurs rations alimentaires.

Un évènement vient donner aux sélectionnés « Todt » un avant-goût de ce qui les attend : la ville de Noisy-le-Sec subit un terrible bombardement, elle est détruite et les voies ferrées sont hors d’usage. Les Allemands ont besoin de cette ligne de chemin de fer, il faut déblayer et désamorcer les bombes. Pour effectuer ce travail, 150 d’entre eux sont conduits par autobus vers Noisy. Le bilan de cette première sortie : 5 morts, 15 blessés et 5 évasions.

Le convoi 73, composé de 878 hommes dont 39 adolescents de 12 à 17 ans part le 15 mai 1944 de la gare de Bobigny.    

© Martin Gilbert

Tous sont persuadés de partir travailler pour la « Todt ». Certains sont assez satisfaits car on ne les envoyait pas à « Pitchipoï » ! (expression utilisée, avec un certain humour, par les détenus juifs signifiant une destination inconnue, très loin, vers un village de misère à l’Est).

Les témoignages des très rares rescapés montrent que beaucoup pensaient qu’être volontaire pour ce convoi leur assurerait un meilleur avenir que ceux qui partait à l’Est, d’autant qu’ils croyaient rester en France.

Le convoi est envoyé en Lituanie et en Estonie, pays envahis dès juin 1941 par l’armée allemande. Pendant cette occupation, dans ces pays, plus de 200 sites ont servi d’assassinats de masse par fusillades tels ceux de la forêt de Ponar et des Forts VII et IX de Kaunas.

Le convoi 73, composé de 15 wagons, emporte 878 hommes juifs. Plus de 500 hommes descendent du train à Kovno (désormais Kaunas) en Lituanie.

Les autres sont dirigés vers Reval (devenu Tallinn) en Estonie où ils sont incarcérés à la prison Patarei pour construire un aéroport.

En septembre 1944, les 34 survivants seront évacués vers le camp de concentration du Stuthoff, près de Dantzig en Pologne, dernier camp libéré le 9 mai 1945.

Prison de Patarai

À Kaunas, les déportés de ce convoi sont regroupés dans le Fort IX où la plus grande partie des communautés juives de la région a déjà été assassinée.

Plusieurs de ces hommes ont laissé des graffiti sur les murs de leur cellule, notamment l’inscription Nous sommes 900 Français. Leur découverte a permis d’apprendre aux familles la destination de ce convoi, seulement après l’indépendance du pays en 1990 …

© AFMD 75

© E.-C. Blum-Cherchevsky

Parmi eux, 350 à 400 ont été transférés dans le sous-camp de Praviéniskès, en pleine forêt, à une dizaine de kilomètres du Fort et astreints à travailler dans les scieries ou à l’extraction de la tourbe des marécages. La plupart d’entre eux furent fusillés dans cette forêt.

De ce convoi, 24 rentreront en France : 22 de Tallinn et 2 de Kaunas.

Ni les archives de guerre, ni les criminels nazis jugés n’ont révélé la raison de la destination de ce convoi 73 vers les Pays Baltes et non Auschwitz.

Les recherches des familles françaises, regroupées en association depuis 1995, ont permis de retrouver des informations sur près de 300 déportés. Mais personne ne sait quels ont été les sorts d’André et Jean Jacob, père et frère de Simone Veil, ni de Miron Zlatin, le directeur de la Maison des enfants d’Izieu et des deux adolescents, Theodor Reis et Arnold Hirsch, arrêtés par Barbie en même temps que lui.

© AFMD 75 / Fort IX Kaunas

Monument au Fort IX – Kaunas © AFMD 75

En 2019, le Premier Ministre français, Edouard Philippe, a participé à une cérémonie d’hommage aux déportés du convoi 73 devant une stèle érigée en 2010, en face de la prison Patarei, en présence du dernier déporté survivant du convoi 73 : Henri Zajdenwergier, né à Nancy en 1927 (mais décédés en 2024).

Sources

– Blum-Cherchevsky Ève-Line, Nous sommes 900 Français in http://www.convoi73.org Bulletin de l’AFMD, Mémoire et Vigilance, n°102, oct./déc. 2023
– Bulletin de la FNDIRP, Le Patriote Résistant, n°922, sept. 2017
– Les Amis et passionnés du Père Lachaise : https://www.appl-lachaise.net/monument-aux-deportes-de-kaunas-et-reval-tallinn/ http://www.convoi73.org/francais/SteleLachaise/La%20stele.htm
– https://mnemosyne.ee/wp-content/uploads/2020/06/Orjekh.-Intervention-Convoi-73
– https://regard-est.com/estonie-la-prison-de-patarei-enjeu-memoriel-insoluble-2
– https://www.yadvashem.org/fr/shoah/a-propos/debut-solution-finale/le-massacre-des-juifs-des-pays-baltes.html

Délégation de Paris des Amis de la Fondation
pour la Mémoire de la Déportation
31 Boulevard Saint-Germain 75005 Paris
Contact : afmd.dt75@gmail.com
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