© Mairie de Paris
Toi qui passes,
souviens-toi
ORANIENBURG-
SACHSENHAUSEN
Ouvert en mars 1933
© Vincent Gerbet
Description du monument
Inaugurée le 2 mai 1970, la sculpture en cuivre martelé de Jean-Baptiste Leducq s’impose à tous les visiteurs par son ampleur et sa force. La couronne hérissée à la base du monument représente la clôture barbelée des camps. Les poteaux de la clôture portent des racines donnant naissance à un arbre de douleur dont le sommet se change en flamme du souvenir. Au centre, s’élève comme un cri vers le ciel, l’image tragique d’un déporté, le corps tendu, dans l’espoir de renaître et de vivre dans la mémoire des hommes qui le regardent.
Autour du socle de granit, en lettres de bronze est écrit : « Oranienburg-Sachsenhausen »
Sur le socle une plaque avec ces mots :
« Aux 100 000 morts du camp de concentration nazi ».
Le camp d’Oranienburg-Sachsenhausen
Le 23 mars 1933, un jour après l’ouverture du camp de Dachau, les SA du régiment 208 qui dépendent de Goering, enferment les opposants politiques, les syndicalistes et quelques détenus de droit commun, dans l’ancienne brasserie Schultheiss-Patzenhofer, à Oranienburg, banlieue nord de Berlin (Land du Brandebourg). Ce camp, appelé « camp de rééducation » ou « camp de prévention », fonctionne jusqu’en février 1935.
Trop petit, il est remplacé à l’été 1936 : un millier de détenus du camp de punition d’Esterwegen, (Strafgefangenenlager) sont utilisés pour construire le camp de concentration de Sachsenhausen situé près d’Oranienburg. 80 hectares de la forêt de pins sont abattus pour faire ce que Heinrich Himmler va appeler « un camp moderne ».
68 baraques, surveillées par 18 miradors, sont construites en forme de triangle de 600 mètres de côté, représentant une superficie de 18 hectares.
L’ensemble du complexe, avec les lieux de formations des SS, s’étendra sur 400 ha à la fin de la guerre.
© Marcel Ruby
Berlin devant accueillir les Jeux Olympiques, on y enferme des condamnés de droit commun, des « asociaux », des homosexuels…
Porte d’entrée du camp
© AFMD 75
Pendant la guerre, y seront déportés des opposants politiques (communistes, sociaux-démocrates, syndicalistes…) de tous les pays occupés et des prisonniers de guerre russes.
Exemples :
Le 25 juillet 1941, les premiers Français, 244 mineurs, arrivent au camp. En effet, un grand mouvement de grève a touché le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, placé sous l’administration allemande de Bruxelles. Quelques 100 000 mineurs ont protesté contre les mauvaises conditions de travail tout en refusant l’envoi en Allemagne de la production de charbon. La répression a été immédiate. Plus de la moitié n’a pas survécu.
Plaque des Mineurs inaugurée en octobre 2001,
posée sur un bloc de pierre à même le sol dans l’ancienne Kommandatur du camp
© AFMD 75
Suite à l’invasion de la Russie par l’armée allemande (Opération Barbarossa en juin 1941), plus de 10 000 prisonniers de guerre soviétiques sont envoyés à Sachsenhausen. En mai 1942, une majorité sera assassinée dans un endroit séparé du camp par un mur et appelé cyniquement la station Z (la tour A étant l’entrée du camp). Les prisonniers sont abattus d’une balle dans la nuque, tirée à travers une ouverture dans la toise. De la musique couvre le bruit des coups de feu. Cette station Z comprend également quatre fours crématoires, complétée par une chambre à gaz en mars 1943.
Du 4 au 8 avril 1941, une commission médicale examine quelques 400 déportés. C’est le début de l’Aktion 14f13. Les déportés classés « indignes de vivre » par les médecins seront envoyés dans des centres d’euthanasie et gazés. Cette Aktion se soldera par l’assassinat de 15 000 malades dont plus de 550 dans ce camp. Des expériences médicales y seront également menées comme par ex. l’étude des effets de piqures de benzine sur des déportés.
Ce camp accueille l’Inspection générale des camps de concentration qui supervise l’ensemble du système concentrationnaire.
C’est le quartier général des SS à tête de mort (la division SS Totenkopf).
C’est à Oranienburg-Sachsenhausen que l’on édicte les conditions de vie des détenus, les expériences médicales… que l’on organise les convois de déportés et leurs destinations… que sont décidés le Pogrom du 9 au 10 novembre 1938 (« Kristallnacht ») et l’« Opération Himmler » qui sert de prétexte à l’attaque contre la Pologne le 31 août 1939 : fausse attaque d’un émetteur-radio à Gleiwitz en territoire allemand près de la frontière polonaise. Douze déportés du camp, « déguisés » en soldats polonais, sont emmenés sur place pour faire croire à une attaque polonaise contre l’Allemagne. Les faux soldats sont tués. Le lendemain, l’armée allemande envahit la Pologne. Cet acte entraîne la déclaration de guerre de la France et du Royaume-Uni, puis la Seconde Guerre mondiale.
C’est encore à Oranienburg qu’Heinrich Himmler prend, à la fin de la guerre, la décision de vider les camps et d’évacuer les déportés vers l’intérieur du Reich. Les survivants qualifieront ces évacuations à pied de « marches de la mort ».
A l’intérieur du camp, se trouvent 2 kommandos spécifiques :
Le kommando des faux-monnayeurs
Les SS ont recruté parmi les détenus de tous les camps les meilleurs professionnels pour confectionner de la fausse monnaie et les ont installés dans les baraquements 18 et 19.
Cette opération, nommée « Bernhard » a un double but : d’une part, inonder le Royaume-Uni de fausse monnaie pour déstabiliser l’économie en provoquant l’hyperinflation, d’autre part, financer des opérations d’agents nazis.
Par la suite, le matériel et les faussaires seront transférés le 2 mars 1945 à Mauthausen au Kommando de Redl-Zipf, puis à Ebensee.
Le travail était si parfait que la banque d’Angleterre n’a pas décelé de défaut. Il a fallu imprimer de nouveaux billets après-guerre.
© AFMD 75
Le kommando des marcheurs
Dans cette unité punitive, les déportés étaient obligés d’assouplir les chaussures destinées à la Wehrmacht. Toute la journée, portant un sac de 12 kg sur le dos, ils couraient autour de la place d’appel sur une piste de près de 700 mètres, recouverte de béton lisse, de pavés, de caillasse, de sable, de terre battue, de gravillons.
95 kommandos extérieurs
95 kommandos extérieurs – actuellement dénombrés – dépendent d’Oranienburg-Sachsenhausen.
Les plus importants sont ceux d’Heinkel (usine d’aviation, construction du bombardier He177, appartenant à la société DEMAG, qui utilise 7 000 détenus en permanence dont 3 000 Français), de Falkensee (usine de matériel ferroviaire, construction de chars de combat, appartenant au groupe Göring), de Speer (récupération de matériaux de guerre et métaux). Les plus grosses entreprises liées au camp sont celles d’Auer (fabrication de masques à gaz), de Daimler-Benz, de Dynamit AG (industrie chimique, armement), de Kayser (fonderie), de Zellwolle Zellulose Werk (pâte à papier), de Krupp, Siemens, et d’autres…
De nombreuses femmes sont arrivées à Sachsenhausen dans les dernières semaines de la guerre. En avril 1945 ; elles étaient près de 12 000 réparties dans les différents Kommandos.
Le 21 avril 1945, 33 000 détenus sont mis sur les routes en direction de la Baltique et de Bergen-Belsen, marches appelées par les déportés « Marches de la mort ».
Bois de Below
Le 21 avril 1945, des milliers de déportés de Sachsenhausen partent du grand camp vers la baie de Lübeck, en mer Baltique. Un grand nombre arrive au bois de Below. Là, à plus d’une centaine de kilomètres de Sachsenhausen, après avoir marché, ils rencontrent les autres déportés des Kommandos Heinkel, Speer, Klinker… Les déportés les plus faibles qui ralentissent la marche sont abattus sur le bord de la route par les SS. Cette marche, ralliant Sachsenhausen à la baie de Lübeck, nommée par les Nazis la marche d’évacuation fut nommée par les déportés la « Marche de la Mort ». De nombreuses plaques commémoratives et de fosses communes jonchent la route, dans les villages allemands du Brandebourg et du Mecklembourg.
Au bois de Below, les déportés dorment sans abri, et vivent sans nourriture. Au départ du camp, ils ont reçu un peu de pain. Arrivés au bois, les déportés, affamés, doivent pour se nourrir arracher l’écorce des arbres, la râper et en faire une fine poudre. Cette dernière, mélangée avec de l’eau, donne une sorte de farine immangeable. Les marques sont encore présentes aujourd’hui.
Au bois de Below, près de 25 000 déportés furent rassemblés : 18 000 de Sachsenhausen et des Kommandos et 7 000 femmes de Ravensbrück. Ils sont arrivés à pied, en faisant près de 30 kilomètres par jour. Les SS logeaient à Grabow. La Croix-Rouge internationale, notamment suédoise, réussit, après des négociations avec les SS, à faire parvenir aux déportés une petite aide : quelques boîtes de conserve. Il y avait une boîte de conserve pour 15 à 20 déportés. Entre 700 et 800 moururent suite aux mauvais traitements, au froid, ou à la sous- nutrition. Près de 400 détenus reposent aujourd’hui dans des fosses communes. En signe d’espoir, ou de désespoir, certains déportés tentèrent de laisser une marque aux survivants, en gravant sur des arbres des inscriptions, le numéro de leur bloc, ou encore le nom d’une personne chère.
Le camp est libéré le 22 avril 1945 par les troupes soviétiques et polonaises qui trouve 3 400 prisonniers mourants.
200 000 détenus ont reçu un numéro matricule à Oranienburg-Sachsenhausen dont 9 400 Français. 84 000 y meurent.
Bois de Below © AFMD75
Dernier convoi parti de France : le train de Loos
Après la Libération de Paris le 25 août 1944, une partie des troupes alliées remonte vers la Belgique. Les Britanniques libèrent la ville de Douai (Nord) le 1er septembre. Ce même jour, l’armée allemande commence à quitter Lille. Face à l’avancée des Alliés, les Allemands ont vidé les prisons de la région pour regrouper les détenus résistants à la prison de Loos, commune limitrophe de Lille. Walter Paarmann, responsable de la Gestapo, met en place le transfert des prisonniers vers la gare de Tourcoing. C’est le dernier convoi parti de France, le 1er septembre 1944. Dans le train, les prisonniers ont l’espoir d’être rapidement libérés par la Résistance ; il n’en est rien : 871 hommes porteront un matricule à Sachsenhausen.
276 survivront.
« Quand des hommes sont considérés comme nuisibles et que, en tant que tels, ils peuvent être dépouillés de leur dignité humaine et des droits qui sont fondamentalement dus à tout être humain, alors Sachsenhausen devient possible : untel est un parasite, alors il faut l’exterminer. Il suffit de rendre publique la première partie de cette phrase ; la deuxième moitié suivra automatiquement, tôt ou tard. »
György Konrad, hongrois, président de l’académie des Arts, 2000.
Sources
– https://www.souviens-toi.org
– Amicale d’Oranienburg-Sachsenhausen, « SACHSO », éd. Minuit/Plon, 2003
– Amicale française d’Oranienburg-Sachsenhausen : http://www.campsachsenhausen.org/
– FMD Livre Mémorial : http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I281 (Train de Loos)
– Le Maner Yves, Le « Train de Loos ». Le grand drame de la déportation dans le Nord-Pas- de-Calais, éd. La Coupole, 2003
– Mémorial du camp de Sachsenhausen en Allemagne : https://www.sachsenhausen-sbg.de/en/
– Morsch Günter & Ley Astrid, Le camp de concentration de SACHSENHAUSEN 1936-1945 Chronologie et évolution, éd. Metropol, 2013.
– http://sachsenhausen-rapport.over-blog.com/pages/
– Film : Les Faussaires (Die Fälscher), de Stefan Ruzowitzky, 2007, tiré du livre autobiographique « L’atelier du diable » d’Adolf Burger. Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Oranienburg-Sachsenhausen
OUVERT EN MARS 1933
© Vincent Gerbet
Description du monument
Inaugurée le 2 mai 1970, la sculpture en cuivre martelé de Jean-Baptiste Leducq s’impose à tous les visiteurs par son ampleur et sa force. La couronne hérissée à la base du monument représente la clôture barbelée des camps. Les poteaux de la clôture portent des racines donnant naissance à un arbre de douleur dont le sommet se change en flamme du souvenir. Au centre, s’élève comme un cri vers le ciel, l’image tragique d’un déporté, le corps tendu, dans l’espoir de renaître et de vivre dans la mémoire des hommes qui le regardent.
Autour du socle de granit, en lettres de bronze est écrit : « Oranienburg-Sachsenhausen »
Sur le socle une plaque avec ces mots :
« Aux 100 000 morts du camp de concentration nazi ».
Le camp d’Oranienburg-Sachsenhausen
Le 23 mars 1933, un jour après l’ouverture du camp de Dachau, les SA du régiment 208 qui dépendent de Goering, enferment les opposants politiques, les syndicalistes et quelques détenus de droit commun, dans l’ancienne brasserie Schultheiss-Patzenhofer, à Oranienburg, banlieue nord de Berlin (Land du Brandebourg). Ce camp, appelé « camp de rééducation » ou « camp de prévention », fonctionne jusqu’en février 1935.
Trop petit, il est remplacé à l’été 1936 : un millier de détenus du camp de punition d’Esterwegen, (Strafgefangenenlager) sont utilisés pour construire le camp de concentration de Sachsenhausen situé près d’Oranienburg. 80 hectares de la forêt de pins sont abattus pour faire ce que Heinrich Himmler va appeler « un camp moderne ».
68 baraques, surveillées par 18 miradors, sont construites en forme de triangle de 600 mètres de côté, représentant une superficie de 18 hectares.
L’ensemble du complexe, avec les lieux de formations des SS, s’étendra sur 400 ha à la fin de la guerre.
© Marcel Ruby
Berlin devant accueillir les Jeux Olympiques, on y enferme des condamnés de droit commun, des « asociaux », des homosexuels…
Porte d’entrée du camp
© AFMD 75
Pendant la guerre, y seront déportés des opposants politiques (communistes, sociaux-démocrates, syndicalistes…) de tous les pays occupés et des prisonniers de guerre russes.
Exemples :
Le 25 juillet 1941, les premiers Français, 244 mineurs, arrivent au camp. En effet, un grand mouvement de grève a touché le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, placé sous l’administration allemande de Bruxelles. Quelques 100 000 mineurs ont protesté contre les mauvaises conditions de travail tout en refusant l’envoi en Allemagne de la production de charbon. La répression a été immédiate. Plus de la moitié n’a pas survécu.
Plaque des Mineurs inaugurée en octobre 2001,
posée sur un bloc de pierre à même le sol dans l’ancienne Kommandatur du camp
© AFMD 75
Suite à l’invasion de la Russie par l’armée allemande (Opération Barbarossa en juin 1941), plus de 10 000 prisonniers de guerre soviétiques sont envoyés à Sachsenhausen. En mai 1942, une majorité sera assassinée dans un endroit séparé du camp par un mur et appelé cyniquement la station Z (la tour A étant l’entrée du camp). Les prisonniers sont abattus d’une balle dans la nuque, tirée à travers une ouverture dans la toise. De la musique couvre le bruit des coups de feu. Cette station Z comprend également quatre fours crématoires, complétée par une chambre à gaz en mars 1943.
Du 4 au 8 avril 1941, une commission médicale examine quelques 400 déportés. C’est le début de l’Aktion 14f13. Les déportés classés « indignes de vivre » par les médecins seront envoyés dans des centres d’euthanasie et gazés. Cette Aktion se soldera par l’assassinat de 15 000 malades dont plus de 550 dans ce camp. Des expériences médicales y seront également menées comme par ex. l’étude des effets de piqures de benzine sur des déportés.
Ce camp accueille l’Inspection générale des camps de concentration qui supervise l’ensemble du système concentrationnaire.
C’est le quartier général des SS à tête de mort (la division SS Totenkopf).
C’est à Oranienburg-Sachsenhausen que l’on édicte les conditions de vie des détenus, les expériences médicales… que l’on organise les convois de déportés et leurs destinations… que sont décidés le Pogrom du 9 au 10 novembre 1938 (« Kristallnacht ») et l’« Opération Himmler » qui sert de prétexte à l’attaque contre la Pologne le 31 août 1939 : fausse attaque d’un émetteur-radio à Gleiwitz en territoire allemand près de la frontière polonaise. Douze déportés du camp, « déguisés » en soldats polonais, sont emmenés sur place pour faire croire à une attaque polonaise contre l’Allemagne. Les faux soldats sont tués. Le lendemain, l’armée allemande envahit la Pologne. Cet acte entraîne la déclaration de guerre de la France et du Royaume-Uni, puis la Seconde Guerre mondiale.
C’est encore à Oranienburg qu’Heinrich Himmler prend, à la fin de la guerre, la décision de vider les camps et d’évacuer les déportés vers l’intérieur du Reich. Les survivants qualifieront ces évacuations à pied de « marches de la mort ».
A l’intérieur du camp, se trouvent 2 kommandos spécifiques :
Le kommando des faux-monnayeurs
Les SS ont recruté parmi les détenus de tous les camps les meilleurs professionnels pour confectionner de la fausse monnaie et les ont installés dans les baraquements 18 et 19.
Cette opération, nommée « Bernhard » a un double but : d’une part, inonder le Royaume-Uni de fausse monnaie pour déstabiliser l’économie en provoquant l’hyperinflation, d’autre part, financer des opérations d’agents nazis.
Par la suite, le matériel et les faussaires seront transférés le 2 mars 1945 à Mauthausen au Kommando de Redl-Zipf, puis à Ebensee.
Le travail était si parfait que la banque d’Angleterre n’a pas décelé de défaut. Il a fallu imprimer de nouveaux billets après-guerre.
© AFMD 75
Le kommando des marcheurs
Dans cette unité punitive, les déportés étaient obligés d’assouplir les chaussures destinées à la Wehrmacht. Toute la journée, portant un sac de 12 kg sur le dos, ils couraient autour de la place d’appel sur une piste de près de 700 mètres, recouverte de béton lisse, de pavés, de caillasse, de sable, de terre battue, de gravillons.
95 kommandos extérieurs
95 kommandos extérieurs – actuellement dénombrés – dépendent d’Oranienburg-Sachsenhausen.
Les plus importants sont ceux d’Heinkel (usine d’aviation, construction du bombardier He177, appartenant à la société DEMAG, qui utilise 7 000 détenus en permanence dont 3 000 Français), de Falkensee (usine de matériel ferroviaire, construction de chars de combat, appartenant au groupe Göring), de Speer (récupération de matériaux de guerre et métaux). Les plus grosses entreprises liées au camp sont celles d’Auer (fabrication de masques à gaz), de Daimler-Benz, de Dynamit AG (industrie chimique, armement), de Kayser (fonderie), de Zellwolle Zellulose Werk (pâte à papier), de Krupp, Siemens, et d’autres…
De nombreuses femmes sont arrivées à Sachsenhausen dans les dernières semaines de la guerre. En avril 1945 ; elles étaient près de 12 000 réparties dans les différents Kommandos.
Le 21 avril 1945, 33 000 détenus sont mis sur les routes en direction de la Baltique et de Bergen-Belsen, marches appelées par les déportés « Marches de la mort ».
Bois de Below
Le 21 avril 1945, des milliers de déportés de Sachsenhausen partent du grand camp vers la baie de Lübeck, en mer Baltique. Un grand nombre arrive au bois de Below. Là, à plus d’une centaine de kilomètres de Sachsenhausen, après avoir marché, ils rencontrent les autres déportés des Kommandos Heinkel, Speer, Klinker… Les déportés les plus faibles qui ralentissent la marche sont abattus sur le bord de la route par les SS. Cette marche, ralliant Sachsenhausen à la baie de Lübeck, nommée par les Nazis la marche d’évacuation fut nommée par les déportés la « Marche de la Mort ». De nombreuses plaques commémoratives et de fosses communes jonchent la route, dans les villages allemands du Brandebourg et du Mecklembourg.
Au bois de Below, les déportés dorment sans abri, et vivent sans nourriture. Au départ du camp, ils ont reçu un peu de pain. Arrivés au bois, les déportés, affamés, doivent pour se nourrir arracher l’écorce des arbres, la râper et en faire une fine poudre. Cette dernière, mélangée avec de l’eau, donne une sorte de farine immangeable. Les marques sont encore présentes aujourd’hui.
Au bois de Below, près de 25 000 déportés furent rassemblés : 18 000 de Sachsenhausen et des Kommandos et 7 000 femmes de Ravensbrück. Ils sont arrivés à pied, en faisant près de 30 kilomètres par jour. Les SS logeaient à Grabow. La Croix-Rouge internationale, notamment suédoise, réussit, après des négociations avec les SS, à faire parvenir aux déportés une petite aide : quelques boîtes de conserve. Il y avait une boîte de conserve pour 15 à 20 déportés. Entre 700 et 800 moururent suite aux mauvais traitements, au froid, ou à la sous- nutrition. Près de 400 détenus reposent aujourd’hui dans des fosses communes. En signe d’espoir, ou de désespoir, certains déportés tentèrent de laisser une marque aux survivants, en gravant sur des arbres des inscriptions, le numéro de leur bloc, ou encore le nom d’une personne chère.
Le camp est libéré le 22 avril 1945 par les troupes soviétiques et polonaises qui trouve 3 400 prisonniers mourants.
200 000 détenus ont reçu un numéro matricule à Oranienburg-Sachsenhausen dont 9 400 Français. 84 000 y meurent.
Bois de Below © AFMD75
Dernier convoi parti de France : le train de Loos
Après la Libération de Paris le 25 août 1944, une partie des troupes alliées remonte vers la Belgique. Les Britanniques libèrent la ville de Douai (Nord) le 1er septembre. Ce même jour, l’armée allemande commence à quitter Lille. Face à l’avancée des Alliés, les Allemands ont vidé les prisons de la région pour regrouper les détenus résistants à la prison de Loos, commune limitrophe de Lille. Walter Paarmann, responsable de la Gestapo, met en place le transfert des prisonniers vers la gare de Tourcoing. C’est le dernier convoi parti de France, le 1er septembre 1944. Dans le train, les prisonniers ont l’espoir d’être rapidement libérés par la Résistance ; il n’en est rien : 871 hommes porteront un matricule à Sachsenhausen.
276 survivront.
« Quand des hommes sont considérés comme nuisibles et que, en tant que tels, ils peuvent être dépouillés de leur dignité humaine et des droits qui sont fondamentalement dus à tout être humain, alors Sachsenhausen devient possible : untel est un parasite, alors il faut l’exterminer. Il suffit de rendre publique la première partie de cette phrase ; la deuxième moitié suivra automatiquement, tôt ou tard. »
György Konrad, hongrois, président de l’académie des Arts, 2000.
Sources
– https://www.souviens-toi.org
– Amicale d’Oranienburg-Sachsenhausen, « SACHSO », éd. Minuit/Plon, 2003
– Amicale française d’Oranienburg-Sachsenhausen : http://www.campsachsenhausen.org/
– FMD Livre Mémorial : http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I281 (Train de Loos)
– Le Maner Yves, Le « Train de Loos ». Le grand drame de la déportation dans le Nord-Pas- de-Calais, éd. La Coupole, 2003
– Mémorial du camp de Sachsenhausen en Allemagne : https://www.sachsenhausen-sbg.de/en/
– Morsch Günter & Ley Astrid, Le camp de concentration de SACHSENHAUSEN 1936-1945 Chronologie et évolution, éd. Metropol, 2013.
– http://sachsenhausen-rapport.over-blog.com/pages/
– Film : Les Faussaires (Die Fälscher), de Stefan Ruzowitzky, 2007, tiré du livre autobiographique « L’atelier du diable » d’Adolf Burger. Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Délégation de Paris des Amis de la Fondation
pour la Mémoire de la Déportation
31 Boulevard Saint-Germain 75005 Paris
Contact : afmd.dt75@gmail.com
©AFMD75
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